Inégalité de Shapiro

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En mathématiques, l'inégalité de Shapiro est une inégalité proposée par Harold Shapiro en 1954[1].

Énoncé de l'inégalité

Soit n {\displaystyle n} un entier naturel et soient x 1 , x 2 , , x n {\displaystyle x_{1},x_{2},\dots ,x_{n}} des réels strictement positifs ; on suppose que

  • n {\displaystyle n} est pair et inférieur ou égal à 12 {\displaystyle 12} , ou
  • n {\displaystyle n} est impair et inférieur ou égal à 23 {\displaystyle 23} .

L'inégalité de Shapiro énonce que

i = 1 n x i x i + 1 + x i + 2 n 2 {\displaystyle \sum _{i=1}^{n}{\frac {x_{i}}{x_{i+1}+x_{i+2}}}\geqslant {\frac {n}{2}}}

x n + 1 = x 1 , x n + 2 = x 2 {\displaystyle x_{n+1}=x_{1},x_{n+2}=x_{2}} [2].

Pour de plus grandes valeurs de n {\displaystyle n} l'inégalité n'a pas lieu et la borne inférieure stricte est γ n 2 {\displaystyle \gamma {\frac {n}{2}}} γ 0,989 1 {\displaystyle \gamma \approx 0{,}9891\dots } . Les décimales de cette constante γ {\displaystyle \gamma } forment la suite A086277 de l'OEIS.

Les démonstrations initiales de l'inégalité dans les cas n = 12 {\displaystyle n=12} par Godunova et Levin en 1976 [3] et n = 23 {\displaystyle n=23} par Troesch en 1989[4] reposent sur des calculs numériques. En 2002, P. J. Bushell et J. B. McLeod publient une démonstration analytique pour n = 12 {\displaystyle n=12} [5].

La valeur de γ {\displaystyle \gamma } a été déterminée en 1971 par Vladimir Drinfeld à l'age de 17 ans, plus tard lauréat de la médaille Fields en 1990[6]. Plus précisément, Drinfeld a montré que la constante γ {\displaystyle \gamma } est égale à 1 2 h ( 0 ) {\displaystyle {\frac {1}{2}}h(0)} , où h {\displaystyle h} est l'enveloppe convexe de f ( x ) = e x {\displaystyle f(x)=e^{-x}} et g ( x ) = 2 e x + e x / 2 {\displaystyle g(x)={\frac {2}{e^{x}+e^{x/2}}}} [2].

Contre-exemples pour de grands n

Le premier contre-exemple a été trouvé par M. J. Lighthill en 1956[7], pour n = 20 {\displaystyle n=20} :

x 20 = ( 1 + 5 ϵ ,   6 ϵ ,   1 + 4 ϵ ,   5 ϵ ,   1 + 3 ϵ ,   4 ϵ ,   1 + 2 ϵ ,   3 ϵ ,   1 + ϵ ,   2 ϵ ,   1 + 2 ϵ ,   ϵ ,   1 + 3 ϵ ,   2 ϵ ,   1 + 4 ϵ ,   3 ϵ ,   1 + 5 ϵ ,   4 ϵ ,   1 + 6 ϵ ,   5 ϵ ) {\displaystyle x_{20}=(1+5\epsilon ,\ 6\epsilon ,\ 1+4\epsilon ,\ 5\epsilon ,\ 1+3\epsilon ,\ 4\epsilon ,\ 1+2\epsilon ,\ 3\epsilon ,\ 1+\epsilon ,\ 2\epsilon ,\ 1+2\epsilon ,\ \epsilon ,\ 1+3\epsilon ,\ 2\epsilon ,\ 1+4\epsilon ,\ 3\epsilon ,\ 1+5\epsilon ,\ 4\epsilon ,\ 1+6\epsilon ,\ 5\epsilon )} ϵ {\displaystyle \epsilon } est près de 0.

Ainsi, le membre de gauche vaut 10 ϵ 2 + O ( ϵ 3 ) {\displaystyle 10-\epsilon ^{2}+O(\epsilon ^{3})} , donc inférieur à 10 quand ϵ {\displaystyle \epsilon } est assez petit.

Le contre-exemple suivant pour n = 14 {\displaystyle n=14} est de Troesch[8][réf. nécessaire] :

x 14 = ( 0 , 42 , 2 , 42 , 4 , 41 , 5 , 39 , 4 , 38 , 2 , 38 , 0 , 40 ) {\displaystyle x_{14}=(0,42,2,42,4,41,5,39,4,38,2,38,0,40)} .

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

  • (en) « Shapiro inequality », sur PlanetMath
  • Énoncé et corrigé du problème d'entrée à l'ENS Ulm de 1997 qui traite de cette inégalité.

Références

  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Shapiro inequality » (voir la liste des auteurs).
  1. Shapiro et al. 1954.
  2. a et b Mohammed Aassila, 100 chalenges mathématiques, Analyse, Ellipses, , p. 305-306
  3. Godunova et Levin 1976.
  4. Troesch 1989.
  5. Bushell et McLeod 2002.
  6. Drinfeld 1971.
  7. Shapiro et Northover 1956.
  8. Troesch 1985.
  • P. J. Bushell et J. B. McLeod, « Shapiro's cyclic inequality for even n », J. Inequal. Appl., vol. 7,‎ , p. 331-348 (ISSN 1029-242X, zbMATH 1018.26010, lire en ligne). Les auteurs donnent une démonstration analytique de la formule pour un entier pair n 12 {\displaystyle n\leq 12} , d'où le résultat suit pour tout n 12 {\displaystyle n\leq 12} . Ils présentent le cas n = 23 {\displaystyle n=23} comme un problème ouvert.
  • V. G. Drinfeld, « A cyclic inequality », Mathematical Notes of the Academy of Sciences of the USSR, vol. 9, no 2,‎ , p. 68-71 (ISSN 1573-8876, DOI 10.1007/BF01316982, S2CID 121786805)
  • A. M. Fink, « Shapiro's inequality », dans Recent progress in inequalities. Dedicated to Prof. Dragoslav S. Mitrinović, vol. 430, Dordrecht, Kluwer Academic Publishers, coll. « Mathematics and its Applications », (ISBN 0-7923-4845-1, DOI 10.1007/978-94-015-9086-0_13, zbMATH 0895.26001), p. 241-248
  • E. K. Godunova et V. I. Levin, « Exactness of a nontrivial estimate in a cyclic inequality », Mathematical notes of the Academy of Sciences of the USSR, vol. 20,‎ , p. 673-675 (DOI 10.1007/BF01155872)
  • H. S. Shapiro, R. Bellman, D. J. Newman, W. E. Weissblum, H. R. Smith et H. S. M. Coxeter, « Problems for Solution: 4603-4607 », The American Mathematical Monthly, vol. 61, no 8,‎ , p. 571 (DOI 10.2307/2307617)
  • H. S. Shapiro et F. H. Northover (contre-exemple fourni par M. J. Lighthill), « Solution to Problem 4603: An invalid inequality », American Mathematical Monthly, vol. 63, no 3,‎ , p. 191-192 (DOI 10.2307/2306671)
  • B. A. Troesch, « The Validity of Shapiro's Cyclic Inequality », Mathematics of Computation, vol. 53, no 188,‎ , p. 657-664 (DOI 10.2307/2008728)
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