Alliance Sahra Wagenknecht - Pour la raison et la justice

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Alliance Sahra Wagenknecht - Pour la raison et la justice
(de) Bündnis Sahra Wagenknecht - Für Vernunft und Gerechtigkeit
Image illustrative de l’article Alliance Sahra Wagenknecht - Pour la raison et la justice
Logotype officiel.
Présentation
Fondateur Sahra Wagenknecht
Fondation (association)
(parti)
Scission de Die Linke
Siège Lorenzstraße 29

76135 Karlsruhe

Président Amira Mohamed Ali
Vice-président Shervin Haghsheno
Positionnement Gauche radicale[1],[2] ou attrape-tout[3],[4]
Idéologie Nationalisme de gauche[5],[6],[7],[8],[9]
Populisme de gauche[10]
Conservatisme culturel[11]
Anti-atlantisme[12]
Opposition à l'immigration[13],[14]
Opposition à l'écologie politique[13]
Couleurs Violet, orange
Site web bsw-vg.de
Représentation
Députés
10  /  733
Bundesrat
0  /  69
Députés européens
6  /  96
Ministres-présidents
0  /  16
Députés régionaux
33  /  1898
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L'Alliance Sahra Wagenknecht - Pour la raison et la justice (en allemand : Bündnis Sahra Wagenknecht - Für Vernunft und Gerechtigkeit, couramment abrégé BSW) est un parti politique allemand populiste créé le [15],[16].

Il est issu d'une association enregistrée le par des membres du parti politique allemand Die Linke, au premier rang desquels Sahra Wagenknecht, dans le but de fonder ce nouveau parti.

Historique

Sahra Wagenknecht est une figure de Die Linke et de ses prédécesseurs, le Parti du socialisme démocratique et le Parti socialiste unifié d'Allemagne, et ses positions politiques sont généralement identifiées comme populistes de gauche[17]. Bien qu'elle ait été codirigeante de Die Linke de 2015 à 2019, des conflits avec d'autres membres du parti sur des sujets tels que l'immigration, la vaccination contre le Covid-19 et l'invasion russe de l'Ukraine en 2022 conduisent à des spéculations sur son départ de Die Linke à partir de 2021. Ces spéculations se multiplient à l'approche des élections régionales de 2023 en Hesse et en Bavière, au cours desquelles Die Linke ne parvient pas à atteindre le seuil électoral de 5 % tandis que le parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD) progresse dans les deux Länder.

Sahra Wagenknecht impute les échecs électoraux successifs de Die Linke (le parti étant passé au niveau national de 12 % des voix en 2009 à 5 % en 2021) à l'accent mis sur les politiques de luttes contre les discriminations sexistes, racistes ou homophobes au détriment des questions sociales. Elle plaide pour la primauté de ces dernières, à rebours de l'approche intersectionnelle de la direction du parti qui, sous le terme « classisme » renvoie la question sociale à une forme de discrimination, au même titre que le sexisme ou le racisme. Selon elle, les classes populaires ne se reconnaissent plus dans le discours de la gauche et se tournent vers le parti d’extrême droite AfD, réceptacle du vote contestataire[18].

Elle quitte donc Die Linke et fonde officiellement un nouveau parti en janvier 2024, sous le nom provisoire de « Alliance Sahra Wagenknecht » (BSW). Neuf des trente-huit députés de Die Linke participent à la fondation de ce nouveau parti, ainsi que l'ancien maire SPD de Düsseldorf, Thomas Geisel[19], et l'ancien président du SPD puis de Die Linke, Oskar Lafontaine[20].

Aux élections européennes de juin 2024, le parti obtient 6,2 % des voix, principalement au détriment de Die Linke et du SPD[21],[22].

Les élections régionales de Saxe et Thuringe en septembre 2024 se concluent par un franc succès pour le parti. BSW arrive en effet troisième lors des deux scrutins, avec 12 et 16% des voix, derrière le parti Chrétien démocrate (CDU) et l'AFD, mais devant le SPD, les verts, le parti libéral-démocrate (FDP) et Die Linke[23].

Positions politiques

Lors de sa création, le BSW se définit lui-même comme appartenant au conservatisme de gauche. Le parti place au centre de son programme le rétablissement de la stabilité et de l'harmonie sociale, lequel s'inscrit dans une certaine nostalgie de l’État providence conservateur du miracle économique des Trente Glorieuse. Cette stabilité aurait été bouleversée par les politiques de néolibéralisme économique et culturel, d'écologie et d'immigration menées depuis les années 90 par le SPD de Gerhard Schröder et Olaf Sholz comme la CDU de Angela Merkel, et défendues partiellement par tous les autres partis, Die Linke et AfD compris[24],[25],[26].

Politique économique et sociale

BSW met en avant une politique de justice sociale. Il revendique la refondation d'un état providence fort, qui réinvestisse massivement dans les infrastructures et les services publiques d'éducation et de santé, qui contrôle les prix pour limiter l'inflation, qui augmente le montant des minimas sociaux, des retraites, et du salaire minimum à 14 euros de l'heure, grâce à l'augmentation de la pression fiscale sur les grandes entreprises et fortunes au niveau national comme européen[26],[27].

Mais le parti est marqué également par une défense acharné du Mittelstand (en), tissu économique de petites et moyennes entreprises, dont les plus grandes comptent nombre de leaders mondiaux dans leur domaine, sur lesquelles reposent l'économie allemande. La lutte du petit capital du mittelstand national traditionnel et paternaliste, contre le grand capital des corporations multinationales financiarisées, trouve une place centrale dans les discours du BSW, jusqu'à parfois prendre le pas sur la lutte des classes. Le mittelstand représente en effet pour le parti une forme vertueuse de capitalisme, qui si elle est libérée des pressions qui pèsent sur elle, est capable d'assurer l'harmonie et la stabilité sociale. BSW place donc les besoins de ces PME comme priorité et promet donc un protectionnisme industriel contre la concurrence des multinationales et un allégement des charges fiscale et de la « pression imposée par la bureaucratie »[25].

Politique migratoire

Les thèmes de l'immigration et de l'accueil des réfugiés sont l'un des principaux points de désaccords avec Die Linke, qui défend l’accueil des réfugiés presque sans conditions. Le BSW souhaite mettre fin à l'« immigration incontrôlée » qui serait responsable de l'augmentation de la criminalité, et du « développement de sociétés parallèles influencées par les islamistes ». Le parti propose alors examination des demandes d'asile par des pays tiers en dehors de l'Union européenne, la reconduite immédiate de criminels étrangers à la frontière, la suppression de toute aide financière et sociale aux migrants ne bénéficiant pas du droit d’asile, et l'augmentation de l'aide au développement. Il précise que cette sévérité migratoire, identifiée comme proche du programme de l'AfD, doit néanmoins s’opérer « sans discrimination ni racisme »[25],[26].

Anti-progressisme

BSW se rapproche également des positions des droites les plus radicales d’Europe dans son opposition farouche à l'intersectionnalité, au libéralisme et à toute forme de progressisme culturel, concernant le genre comme l'antiracisme. Selon le parti, ces idéologies seraient en effet éloignés des préoccupations des classes populaires, et menaceraient les traditions et l'identité allemande[28],[29].

Positions sur l'écologie

L’Alliance est par ailleurs opposée aux politiques allemandes et européennes de transition écologique et énergétique. Elle demande ainsi l'annulation de l'interdiction de produire des voitures à moteur thermique dans l'UE à partir de 2035. Elle est également critique envers le système d'échange de quotas d'émission CO2 qu'elle considère comme un « objet de spéculation attractif ». Le BSW avance au contraire un discours pouvant être considéré comme « technosolutionniste », promouvant le développement de technologies clef innovantes comme la plus grande contribution que l’Allemagne peut apporter à l'écologie[26],[30].

Positions internationales

Sur les questions internationales, BSW met un fort accent sur la « paix ». Il promeut des solutions négociées aux conflits internationaux, notamment à la guerre russo-ukrainienne, à la guerre du Yémen, et à la guerre israélo-gazaouie. Le parti s'oppose alors aux sanctions contre la Russie, et à l'envoi d'armes à l’Arabie saoudite et à l'Ukraine, et propose la reconnaissance de l’État palestinien[31],[25].

Il se pose également en faveur d'un rétablissement de bonnes relations avec la Russie et la Chine, pour l’énergie bon marché et les débouchés économiques que ces deux nations peuvent respectivement offrir[25].

BSW tient d'autre part un discours critique des États-Unis et de l’OTAN[26].

Rapport aux autres partis politiques

Sahra Wagenknecht est critique envers des manifestations antifascistes et refuse un cordon sanitaire contre l'AfD. Elle a contesté la classification courante de l’AfD comme parti d’extrême droite. À trop critiquer l’AfD et à la diaboliser, Sahra Wagenknecht craint que ses propres partisans ne s’y rallient[32].

Géographie électorale

La base du pouvoir de BSW se trouve dans les Länder de l’ancienne Allemagne de l’Est. Dans ces régions, plus de deux fois plus de personnes ont voté aux élections européennes de 2024 pour le nouveau parti que la moyenne nationale[22].

Résultats électoraux

Élections européennes

Année Voix % Rang Sièges +/- Tête de liste Groupe
2024 2 456 460 6,17 5e
6  /  96
en augmentation 6 Fabio De Masi NI

Élections dans les Länder

Saxe

Année Voix % Rang Sièges +/- Gouvernement
2024 277 173 11,81 3e
15  /  120
en augmentation 15 à déterminer

Thuringe

Année Voix % Rang Sièges +/- Gouvernement
2024 190 448 15,77 3e
15  /  88
en augmentation 15 à déterminer

Notes et références

  1. « Allemagne : un nouveau parti de gauche radicale appelle à négocier avec Moscou », sur Franceinfo, (consulté le ).
  2. « Le nouveau parti allemand de gauche radicale enjoint Moscou à stopper la guerre en Ukraine », sur RTBF (consulté le ).
  3. Sébastien Baer, « En Allemagne, un nouveau parti "ni droite ni gauche" : mauvaise nouvelle pour le chancelier Scholz ? », sur francetvinfo.fr, (consulté le ).
  4. Thorsten Holzhauser, Ni à gauche ni à droite, mais les deux à la fois ? L’Alliance Sahra Wagenknecht (BSW) au lendemain des élections européennes, Paris, Ifri, (ISBN 979-10-373-0885-6, lire en ligne)
  5. (de) Christopher Ziedler, « Vermögenssteuer statt Zuwanderung: So sieht Wagenknechts links-nationales Angebot aus » [« Wealth tax instead of immigration: this is what Wagenknecht's left-wing nationalist offer looks like »], sur Der Tagesspiegel, .
  6. Josef Lentsch, « How the nationalist left could succeed in Germany: Sahra Wagenknecht’s breakthrough », sur PartyParty, .
  7. (nl) « Nieuwe 'anti-woke' partij in Duitsland kan rekenen op veel stemmen » [« New 'anti-woke' party in Germany can count on many votes »], sur Nieuw Rechts : « "Met haar links-nationalistische focus kan Wagenknecht stemmen winnen bij zowel linkse als rechtse kiezers die ontevreden zijn over de huidige politiek in Duitsland." »
  8. Liana Fix et Caroline Kapp, « Why Vladimir Putin Is Embracing Germany’s Far Right », sur The Atlantic,  : « "To make things worse, a new nationalist left-wing party just launched by the charismatic politician Sahra Wagenknecht echoes some of the AfD’s positions on Russia." ».
  9. Chris Tomlinson, « New Left-Wing Nationalist Party May Not Run in German State Elections », sur The European Conservative, .
  10. « En Allemagne, Sahra Wagenknecht quitte Die Linke pour créer un parti populiste de gauche », sur liberation.fr, (consulté le ).
  11. « Wagenknecht: A far-left challenge to Germany's far-right AfD – DW – 10/23/2023 », sur Deutsche Welle.
  12. « Allemagne. Qui est Sahra Wagenknecht qui lance son parti populiste de gauche anti-migrants ? », sur ouest-france.fr, (consulté le ).
  13. a et b « Allemagne : le parti de Wagenknecht affiche un programme proche de celui de l’extrême droite », sur mediapart.fr, (consulté le ).
  14. « Allemagne : un mouvement de gauche anti-immigration veut supplanter l'extrême droite », sur lesechos.fr, (consulté le ).
  15. (de) « Sahra Wagenknecht: Partei BSW offiziell gegründet », Der Spiegel,‎ (ISSN 2195-1349, lire en ligne, consulté le )
  16. (de) « Bündnis Sahra Wagenknecht gründet sich in Berlin als Partei », sur stern.de, (consulté le ).
  17. Oliver Georgi, « Was Wagenknecht riskiert », Frankfurter Allgemeine Zeitung,‎ (lire en ligne, consulté le )
  18. Peter Wahl, « En Allemagne, deux lignes pour un même camp », sur Le Monde diplomatique, (consulté le ).
  19. « En Allemagne, une députée dissidente de Die Linke lance son propre parti », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  20. (de) « Lafontaine beim BSW-Parteitag: Gefährliche Rhetorik und Geschichtsverdrehung, die schmerzt », Der Tagesspiegel Online,‎ (lire en ligne)
  21. Emmanuel Grasland, « En Allemagne, sévère défaite pour la coalition au pouvoir d'Olaf Scholz », lesechos.fr, 9 juin 2024
  22. a et b (de) Martin Hoffmann, « Im Osten ein Machtfaktor », tagesschau.de, 12 juin 2024
  23. « Sahra Wagenknecht “dynamite le système” politique allemand », sur Courrier international, (consulté le )
  24. « Européennes 2024 : comment Sahra Wagenknecht espère recomposer la gauche au détriment de ses valeurs - L'Humanité », sur humanite.fr, (consulté le ).
  25. a b c d et e Romaric Godin, « Allemagne : un conservatisme de gauche surtout conservateur », sur Mediapart, (consulté le )
  26. a b c d et e « Sahra Wagenknecht “dynamite le système” politique allemand », sur Courrier international, (consulté le )
  27. (es) Aldo Mas, « Sahra Wagenknecht, la líder del rojipardismo alemán que triunfa en los sondeos », sur elDiario.es, .
  28. « Wagenknecht: A far-left challenge to Germany's far-right AfD – DW – 10/23/2023 », sur Deutsche Welle.
  29. nytimes.com, « Leftist Upstart Threatens to Shake Up German Politics », sur New York Times (consulté le ).
  30. (de) Lisa Caspari, « BSW: Das steht in Wagenknechts EU-Wahlprogramm », Die Zeit,‎ (ISSN 0044-2070, lire en ligne, consulté le )
  31. Derek Scally, « German Linke rebel walks out to form new left-wing populist party », The Irish Times,‎ (lire en ligne)
  32. Thorsten Holzhauser, Ni à gauche ni à droite, mais les deux à la fois ? L’Alliance Sahra Wagenknecht (BSW) au lendemain des élections européennes, Paris, Ifri, (ISBN 979-10-373-0885-6, lire en ligne), p. 21-23
v · m
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Autres partis, représentés au Parlement européen
Autres partis, représentés au sein d'un Landtag
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